Au cours de ma vie de peintre, j’ai eu différentes périodes.
Il fut un temps où je prévoyais tout avant de commencer. Je faisais mes croquis préparatoires et tenais un journal de mon processus complet: les couleurs, les mélanges et les médiums utilisés pour chacune des couches.
À cette époque, j’utilisais l’huile et mon processus s’étalait sur trois couches: une première pour l’ébauche, une seconde pour les couleurs de base et une troisième pour les glacis. Chacune des couches mettait une semaine à sécher.
En 1990, après une exposition qui avait bien marché, j’ai ressenti le besoin de me renouveler.
J’ai alors tout jeté par-dessus bord.
J’ai ensuite mis une année complète à me réinventer. Une année de montagnes russes, d’extases, de découragement, d’essais et d’expériences. Jusqu’à ce que je me retrouve plus libre et spontanée que jamais.
Si je te raconte tout ça, c’est pour te dire que peu importe le médium, chaque tableau cache une histoire secrète. Tellement secrète que, souvent, je ne la découvre moi-même que bien des années plus tard.
Je te donne un exemple: un jour, une amie m’a dit en regardant un autoportrait que je venais de terminer:
«On dirait que t’es en miettes!»
En effet. Sur la toile, une dizaine d’éclats de miroirs convexes et concaves renvoyaient une image déformée de mon visage. À ce moment, j’ignorais à quel point elle disait vrai, absorbée que j’étais dans ma recherche: reproduire le plus fidèlement possible ce que j’observais.
Plus tard, j'ai compris une chose très importante: À chaque tableau son histoire.
C’était ma période à l’huile et, en effet, ma vie se fissurait de toute part.
Melonlune, que tu vois ici, a été peint en 1994. Il correspond à l’époque, où, ébranlée par des deuils éprouvants, j’avais entrepris une démarche spirituelle qui m’a amenée jusqu’à aujourd’hui.
Ça c'est mon histoire. Et toi, quelle histoire lis-tu dans ce tableau?
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