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RoberJe

Créer le futur


RoberJe rit de bon coeur.
Pour RoberJe, peindre c'est créer le futur.

D’aussi loin que je me rappelle, j’ai préparé les fonds sur lesquels j’allais peindre. Peut-être au tout début, quand je venais de découvrir ma passion pour la peinture, ai-je utilisé des toiles toutes préparées, mais j’ai vite fait de vouloir être maîtresse du processus à partir du début jusqu’à sa conclusion.


Je crois à l’importance des vibrations. Un tableau, selon moi, se nourrit de tes vibrations avant même sa conception, c’est-à-dire quand il n’est encore qu’un bout de tissu vierge sur le rouleau.


Au début, comme je peignais à l’huile, j’utilisais de la toile de lin. Ah! L’odeur de la toile de lin! Je la découpais et l’agrafais sur un châssis, et je l’enduisais de quelques couches d’apprêt.


Elle était alors disposée à me révéler l’image qui attendait de naître, l’image qui m’avait poussée à accomplir ce travail de moniale. Un travail satisfaisant et empli de promesses.


Créer le futur.


Ensuite l’excitation des premiers jets. De ça, je te parlerai bientôt.


Aujourd’hui je te raconte l’étape du support parce que trouver le bon support est une aventure qui mérite la peine qu’on s’y attarde.


Quand j’ai ressenti une urgence viscérale de découvrir des nouvelles avenues picturales, il m’a fallu mettre de côté ma formation de peintre à l’huile classique pour partir à la recherche d’une matière qui puisse me convenir.


J’ai abandonné le confort de la toile de lin et des médiums que je maîtrisais.

Cette quête a duré une année complète. Une année d’essais où les moments d’exaltation alternaient avec d’autres de profond découragement.


Tu as déjà vécu cette expérience de chercher sans savoir vraiment ce que tu cherches? Tu n’as aucun repère sauf celui que tu as laissé derrière toi sans avoir la certitude que tu vas trouver quelque chose devant?


Il y a des passages comme ça dans la vie.


Et quand, par bonheur, tu trouves, alors là!


Comme je disais, j’ai découvert ce que je cherchais sans pouvoir le nommer après une année complète à avancer dans le brouillard.


Aujourd’hui, je comprends que j’avais un besoin ardent de me réinventer hors du connu.


Après bien des détours et des hésitations, j’ai accepté d’inviter la peinture acrylique dans mon atelier. Nous allions nous adapter mutuellement, moi à son énergie et elle, à mon style.


Il a donc fallu que je change de support, et j’ai passé de la toile de lin à la toile de coton, des faux-cadres aux panneaux de bois.


Trouver un grain de toile qui me convienne a aussi été une épopée. L’artiste doit trouver le grain qui va bien communiquer avec son pinceau, n’est-ce pas?


Le plaisir que j’ai aujourd’hui à préparer ma toile, je te laisse imaginer.


Je dois d’abord la mesurer et la découper. Ensuite, je l’encolle méticuleusement sur un panneau de bois tout neuf.


Parfum du bois humide.


Je m’assure d’éliminer les bulles d’air en caressant la surface de mes mains gantées.


Sensuel.


J’en profite pour nourrir la toile de la vision d’un futur glorieux pour elle comme pour moi.

Vibrations.


Cette partie de préparation et celle de la signature d’un tableau sont, pour moi en tout cas, les deux parties les plus exaltantes de tout le processus de création.


Entre ce début et sa conclusion, j’avoue que c’est une joyeuse balade dans les montagnes russes.


Et ça, c’est aussi un fabuleux voyage!

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Emma

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